Silhouette tenant une lanterne allumée devant le feu de la Saint-Jean à Perpignan.Lors de la fête de la Saint-Jean à Perpignan, une silhouette brandit une lanterne illuminée face au grand feu allumé sur la place. Ce rituel symbolise la transmission de la flamme du Canigó et l’unité des Catalans autour du feu, emblème de lumière et de fraternité dans les Pyrénées-Orientales.
©Feux de la Saint Jean|ADT66

Feux de la Saint-Jean à Perpignan  Une tradition catalane enflammée

À Perpignan, la Saint-Jean ne se contente pas de marquer le solstice d’été : elle embrase les rues, les cœurs et les esprits. Entre ferveur populaire et transmission des traditions catalanes, cette nuit du 23 juin transforme la ville en un théâtre à ciel ouvert, autour d’un feu sacré venu du Canigou.

Femme souriante au bord d’une rivière fréquentée par des baigneurs et des enfants en canoë.La photo montre une femme portant un haut sombre et des lunettes, souriante au premier plan sur une plage de galets. En arrière-plan, plusieurs personnes profitent d’une baignade dans une rivière calme entourée de verdure. Des enfants jouent avec une embarcation gonflable, tandis que d’autres se baignent ou se reposent près des rochers. L’ambiance est estivale et conviviale dans un cadre naturel.
©Gloria blogueuse
Gloria

Elle, c’est Gloria. C’est un concentré (comme le lait) de savoir vivre, de culture, d’anecdotes insolites. Ce petit goût sucré, elle sait le saupoudrer sur les histoires qu’elle vous raconte avec une passion dévorante (Pierre Bellemare n’a qu’à bien se tenir). Elle vous parlera des pierres, des fresques, des vitraux ou de cet écrivain égaré en pleine garrigue.

Une nuit magique pour célébrer l’été

Et si on sortait fêter l’été pour la nuit la plus courte de l’année ? Je vous emmène vers le Castillet où se presse déjà la foule des grands jours. Je me dis qu’ici à Perpignan, c’est la Saint-Jean, ailleurs c’est le solstice d’été, un moment clé pendant l’année où le jour est plus fort que la nuit, où le mouvement, l’envie de renouveau balaie le poids du passé. Pour cela, il faut faire de la place et se débarrasser des vieux oripeaux qui collent à la peau, comme une volonté de se purifier par le feu, un feu joyeux comme la promesse d’un été ensoleillé.

Dans les Pyrénées-Orientales, cette tradition antique a été réinterprétée par un groupe de jeunes catalans qui dans les années 1950, rêvaient de liberté et fraternité. Tout cela autour du Canigou célébré par Jacint Verdaguer, un prêtre catalan ayant gravi la montagne en soutane et chaussures vernies.

Une tradition ancrée dans l’histoire catalane

Le Canigou devenu symbole d’identité, la solidarité et la fraternité vont peu à peu s’imposer comme valeurs de cette nuit d’été. L’idée de feux de joie comme autant de lueurs dans la nuit (l’Espagne était alors une dictature) va prendre forme et une petite flamme permanente sera gardée toute l’année au musée de la Casa Pairal au Castillet pour rallumer le feu du Canigou.

Chaque village fera porter un fagot de bois pour alimenter le grand bûcher du sommet, visible depuis les plaines du Roussillon et de l’Ampurdan. Dès lors, tout devient motif à rencontres, à échanges, à « trobada ». Le matin du 23 juin, la flamme symbole de fraternité et de trait d’union entre les peuples de langue catalane, est accueillie en fanfare à son arrivée par des porteurs, à bord de différents moyens de transport, de la barque au vélo, de l’avion à la moto. Ce qui nous rappelle un évènement récent : les Jeux Olympiques de l’été 2024 !

A savoir

La flamme du Canigou, ravivée chaque année au sommet de la montagne sacrée, est acheminée jusqu’à Perpignan pour allumer la vasque au Castillet. La tradition veut que des jeunes gens partent dans la campagne cueillir des herbes choisies, encore empreintes de rosée matinale. Ces plantes aux vertus magiques serviront à confectionner les ramallets de Sant Joan (bouquets de la Saint Jean), qui seront ensuite distribués à toute personne qui le demande. Ces bouquets porte-bonheurs, seront conservés dans les maisons jusqu’à l’année suivante, où de nouveaux bouquets les remplaceront. Chaque élément a du sens : le bouquet, la coca partagée, la montée des flammes etc, autant de gestes qui relient les hommes à la nature, à la communauté, à la mémoire collective.

La fête à Perpignan : entre émotion et spectacle

Une ambiance festive en centre-ville

En ville la fièvre monte, une vague de chaleur déferle. Les terrasses de café se remplissent et un air de fête flotte en cette fin d’après-midi. Une déambulation de joueurs de cornemuses a donné le la, et l’on goûte au plaisir de l’attente. La foule se presse déjà pour assister à l’arrivée de la cavalcade tandis que sur scène, les espadrilles des danseurs folkloriques claquent en rythme, les géants pavoisent lentement, un talentueux ténor charme l’assistance et une chanteuse originaire du bout du monde interprète une chanson de Jordi Barre, fidèle de la Festa Major. Les bouquets porte-bonheur composés d’une feuille de noyer, d’immortelle, de millepertuis et d’orpin et sertis d’un ruban aux couleurs catalanes, sont distribués avec soin et l’on se partage la « coca » (brioche) de Saint Jean.

L’arrivée de la flamme et le spectacle pyrotechnique

Lorsqu’arrivent les coureurs porteurs de la flamme comme autant de messagers de paix, le Maire allume la vasque et les grimpeurs, mûs par le désir de se surpasser, escaladent la façade du Castillet pour porter la flamme et le drapeau (senyera) au plus haut. Sur les murs de briques rouges, un «mapping» rend un hommage onirique et brillamment imagé au Canigou. Le long de la Basse, les arbres et les quais semblent s’illuminer, tandis que le sommet du Castillet s’embrase soudain avec des coulées de feu qui dévalent le long de la façade. C’est un spectacle ébouriffant.

Au carrefour, un feu de joie sécurisé consume vieux meubles et objets dont on veut se débarrasser, les étincelles s’élèvent vers la nuit la plus courte de l’été, et on adresse une pensée émue à tous ceux qui, à leur façon, ont fêté ce solstice d’été, dans les villages des Pyrénées-Orientales.

Bilan de la soirée

Entre émotions collectives et émerveillement visuel, la soirée des Feux de la Saint-Jean à Perpignan laisse un souvenir puissant. C’est une immersion dans l’âme catalane, où la tradition rencontre la modernité, le spectacle rencontre le sacré, et où les habitants comme les visiteurs se rassemblent dans une atmosphère de chaleur humaine et d’unité. Un événement identitaire fort, à vivre au moins une fois.

 

Infos pratiques

 Feux de la Saint-Jean

Date : chaque année le 23 juin, veille de la Saint-Jean.

Lieu : centre-ville de Perpignan, principalement autour du Castillet.

Accès :
– En train : gare de Perpignan à 10 min à pied du Castillet.
– En voiture : parkings autour du centre-ville (attention, accès restreint en soirée).

Horaires : animations dès l’après-midi, arrivée de la flamme et allumage du feu vers 22h.

Bon à savoir :
– Les événements sont gratuits.
– Prévoir de venir tôt pour bien se placer.
– Ambiance familiale et festive, sécurisée.
– La ville peut être bruyante et bondée : anticiper pour les enfants ou les personnes sensibles.

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